Dr Mirna Salloum, Paris
5 ans de SOS Médecins
C’est toujours comme ça que ça arrive.
Quand on m’appelle pour une gêne respiratoire chez un nourrisson de 11 mois, je revois comme en présage le Babyhaler que l’on m’a volé dans la voiture deux jours plus tôt.
Et c’est une bronchiolite grave : j’arrive et je le vois déjà partir. Livide, marbré, l’enfant a l’air d’une poupée de chiffon ; je sais que les secondes sont comptées. Il lui faut de la Ventoline, coûte que coûte et par n’importe quel moyen. En flash me reviennent les mots d’un collègue plus âgé de chez SOS, une vieille combine : « Avec une bouteille en plastique ça marche aussi...»
« L’enfant a l’air d’une poupée de chiffon »
Je m’empare d’une bouteille de Vittel, la taille en deux au couteau, enfonce mon flacon de Ventoline dans le goulot. Et, tandis que je m’applique à maintenir mon masque de fortune sur la bouche du nourrisson d’un côté, j’appelle le Samu de l’autre, tout en restant concentrée sur un seul but : je dois le sauver. Lorsque l’enfant se recolore et respire à nouveau, je sens monter une poussée euphorisante. Mon cœur palpite à cent à l’heure, de fierté, de soulagement, et j’appréhende déjà la fois d’après, pour pouvoir me dire toujours : cette fois encore, tout s’est encore bien passé.
« Mon cœur palpite de fierté, de soulagement »